Ingénieur, quels sont les 6 types d’employeur ?

Ingénieur, vous vous apprêtez à signer votre premier contrat de travail ou vous occupez déjà un poste depuis quelques années ?

Bravo ! Mais avez-vous déjà réfléchi à votre plan de carrière sur le long terme ?

Si vous êtes monté à bord du navire en espérant que les courants marins vous mènent à bon port, vous faites une grave erreur ! Vous risquez tout simplement de partir à la dérive. Une carrière d’ingénieur dure, en temps normal, plus de 40 ans. Elle est donc très longue.

Si vous faites fausse route dès le début, les conséquences à long terme peuvent être dramatiques car il sera quasiment impossible de rattraper le temps perdu.

Afin de mettre toutes les chances de votre côté pour réussir votre carrière d’ingénieur, votre plan doit être réfléchi, préparé et bien mis en œuvre. Gardez à l’esprit que le temps peut être votre meilleur allié ou votre pire ennemi. Vous le comprendrez au fur et à mesure de la lecture de ce blog.

Les employeurs du secteur de l’ingénierie sont nombreux, mais tous ne se valent pas. Il est essentiel d'avoir une vision claire des différents interlocuteurs avec lesquels vous pourriez travailler. Cet article vous aidera à identifier les divers employeurs que vous rencontrerez au cours de votre carrière.

La Mission

C’est le cœur de la fonction occupée, elle représente une grande partie de votre temps de travail :

La Polyvalence

C’est l’étendue des compétences que vous devez déployer pour mener à bien votre mission. Il s’agit de compétences techniques ou non :

La Carrière

C’est l’évolution de carrière que vous pourrez espérer chez votre employeur :

La Rémunération

Elle indique la rémunération que vous pouvez espérer en échange de votre contribution :

Pour chaque employeur, nous allons passer en revue chacun des critères pour en sortir une note globale.

Le premier type d’employeur comprend les multinationales de premier rang. Ce sont des entreprises comme Airbus, Alstom, TotalEnergies, EDF, Orange ou Renault. Elles jouissent d'une forte notoriété et ont des activités bien établies et récurrentes dans le temps.

Ces entreprises sont implantées à l’international et ont un lien direct avec le consommateur final. Elles vendent des produits et/ou des services finis comme des avions, des trains, du pétrole, des kWh d’énergie électrique, des minutes de télécommunication et des automobiles.

J’appelle ces entreprises les « Terminus » car, en les intégrant, vous avez de fortes chances d’y terminer votre carrière.

Les missions

Les missions proposées sont assez exceptionnelles. Vous intégrez de grands projets, aux côtés de plusieurs ingénieurs chevronnés, sur plusieurs années. Vous prendrez rapidement des responsabilités avec la gestion de sous-traitants ou de fournisseurs. Si vous cherchez ce type de challenge, il faut tenter d’intégrer une entreprise de ce type. Mais attention, se faire recruter n’est pas accessible à tous. Les effectifs sont triés sur le volet.

Personnellement, j’ai eu affaire à un certain nombre d’ingénieurs employés dans ce type d’entreprise, et j’ai toujours apprécié de travailler avec eux car ce sont des personnes vraiment brillantes.

La polyvalence

Au sein de ces entreprises, vous pourrez développer votre polyvalence au-delà de vos espérances. D’abord d’un point de vue technique, qui nécessite généralement un niveau avancé voire expert, puis d’un point de vue gestion de projet. Il faudra être à l’aise avec la gestion des ressources (temps et budget), la relation contractuelle avec vos sous-traitants et fournisseurs, le reporting à destination des supérieurs hiérarchiques et/ou autres entités du groupe.

La carrière

Les perspectives de carrière sont optimales si l’entreprise est prospère et en croissance. En partant de l’hypothèse que l’entreprise a un turnover des effectifs de 5 % par an (départ en retraite ou autre), au bout de 10 ans, un renouvellement relatif de 50 % des effectifs sera alors probable.

C’est-à-dire que potentiellement, une personne sur deux aura moins d’ancienneté que vous. Il faut garder à l’esprit que dans cette optique, le temps joue en votre faveur car un employeur sera plus enclin à faire évoluer en interne un ingénieur, qu’il connaît bien et avec du potentiel d’évolution, plutôt que de prendre une personne externe à l’entreprise avec un risque d’erreur de casting.

Un poste de chargé d’affaires est rapidement accessible dès les premières années, ensuite il faudra prouver votre valeur et rester constant pour gravir les échelons petit à petit. N’oubliez pas que dans ces entreprises, vous traitez avec des ingénieurs d’élite et la concurrence sera rude, à vous de vous démarquer. Le meilleur conseil que je puisse vous donner n’est pas d’écraser les autres pour briller, car avec cette méthode vous ne progresserez pas, mais de tout simplement continuer à développer de nouvelles compétences. À terme, votre profil apparaîtra comme une évidence.

Pour terminer, ces entreprises disposent d’une multitude de métiers et d’implantations à travers le monde. Des passerelles existent si vous souhaitez évoluer vers d’autres métiers ou partir à l’étranger.

La rémunération

La rémunération est très attrayante par rapport aux autres types d’employeurs. En effet, vous intégreriez des entreprises leaders avec des parts de marché bien établies. L’un des moyens pour capter les talents et de les conserver est de mettre la main au porte-monnaie. Mais attention, les grilles de salaires sont assez strictes et il est difficile de sortir des fourchettes salariales définies.

Synthèse

En synthèse, j’attribue la note de 2,75/3,00 :

Ces entreprises travaillent en étroite collaboration avec les grandes multinationales car elles font partie intégrante de la chaîne de valeur des produits et services proposés au consommateur final. Elles peuvent aussi être de très grande taille, comme par exemple Safran, TechnipFMC, TechnipEnergies, Framatome ou Valeo.

Cependant, elles ont tendance à se spécialiser dans des secteurs d'activité bien précis. Elles produisent et fournissent des composants essentiels tels que des moteurs d'avion, des sièges de train, des outils d'extraction de pétrole, des équipements sous pression, des antennes relais, des embrayages, etc.

Les missions

Les missions sont très intéressantes si vous souhaitez travailler dans des entreprises de haute technologie. Les équipementiers sont experts dans leur cœur de métier. La conception d'un composant n'a pas de secret pour eux. Les projets sont précis et exécutés au boulon près.

La polyvalence

Le revers de la médaille est la faible polyvalence des ingénieurs qui y travaillent. Au bout d'un certain temps, le travail peut devenir monotone. J'ai connu un ingénieur qui était devenu expert en dimensionnement de tourillon. C'est un composant complexe et intéressant à étudier.

Mais si vous ne faites que cela pendant plus de cinq années consécutives, ne tomberiez-vous pas dans un piège ? Ici, le temps joue contre vous. Vous ne serez plus alerte et vous vous enfermez dans une routine qui pourrait vous affaiblir en cas de retournement de marché.

La carrière

Les évolutions de carrière sont possibles avec la rotation des effectifs et la croissance que peut connaître l'entreprise. Elles peuvent cependant prendre plus de temps en fonction de la taille de l'entreprise.

La rémunération

L'expertise se paye, surtout s'il existe des barrières à l'entrée au niveau des technologies utilisées (fortes dépenses en infrastructure, brevets, réglementation, etc.). Cependant, vous faites partie de la chaîne du produit ou service final. Votre entreprise employeuse subit probablement une pression sur les prix de la part de ses clients. Souvenez-vous du « Dieselgate » : dans la tourmente, Volkswagen a dû payer des amendes records.

Et devinez où cet argent a été en partie récupéré ? Volkswagen a engagé un grand programme de réduction des coûts avec une négociation systématique auprès de tous ses fournisseurs.

Synthèse

Pour ce type d'employeur, j'attribue la note de 2,00/3,00 :

es grandes sociétés proposent des services d’ingénierie externalisée. Certaines d’entre elles disposent de plusieurs dizaines de milliers d’ingénieurs prêts à être sollicités pour répondre aux besoins des clients, comme par exemple Alten, Assystem, Accenture ou Capgemini.

Ces sociétés permettent d’aider les grandes entreprises, ayant des besoins en ingénierie, à maîtriser leurs coûts en recherche et développement. En effet, certaines entreprises ont des activités cycliques avec des besoins en ingénierie non permanents.

Ces besoins dépendent de la vie des projets en cours et à venir. Par exemple, pour les constructeurs automobiles, le cycle démarre par la conception des véhicules avec un fort besoin en ingénieurs. Ensuite, viennent les phases de production et de commercialisation où le besoin en ingénierie est nettement plus faible.

Les missions

Ces Sociétés d’Ingénierie ont pignon sur rue, elles sont référencées chez quasiment toutes les plus grandes entreprises/équipementiers. Vous aurez accès à une multitude de métiers et secteurs d’activités. Mais attention, travailler pour ce type d’employeur vous positionnera en simple exécutant. Vous n’aurez aucun pouvoir de décision sur les projets, vous devrez simplement suivre les directives et les appliquer.

La polyvalence

Avoir accès à une multitude de métiers de l’ingénierie est un avantage certain. Cependant, la polyvalence à déployer restera strictement appliquée à l’ingénierie pure. Les missions ou tâches transversales seront peu fréquentes et réservées aux plus expérimentés.

La carrière

Les perspectives de carrière sont faibles. Vous évoluerez de mission en mission et de projet en projet. Votre mission se résumera à n’être qu’une force productive.

La rémunération

Les grandes Sociétés d’Ingénierie travaillent pour les grandes entreprises. Elles peuvent appliquer une tarification plus élevée que si elles travaillaient pour de petits comptes. Votre rémunération doit théoriquement être confortable.

Cependant, la négociation est toujours serrée avec des grilles de salaires étroites. C’est à vous de bien négocier pour en tirer le meilleur. J’ai recueilli le témoignage d’un ancien collègue. Ce dernier a travaillé trois ans en mission pour un grand compte et a réalisé de bonnes performances pour finir par craquer et démissionner. Son manager, très peu reconnaissant et négligeant son évolution, n’avait pas été capable "de lui offrir un verre d’eau". Cette histoire n’est qu’une anecdote mais elle pourrait vous arriver.

Synthèse

Pour ce type d’employeur, j’attribue la note de 1,75/3,00 :

De taille plus modeste que les grandes sociétés d’ingénierie, ces entreprises réalisent les mêmes types de missions mais à une échelle plus réduite.

Les missions

Ici, vous faites partie des petits. Votre employeur sera probablement positionné sur les grands projets en tant que sous-traitant de rang 2 voire de rang 3. Autant dire que, la majeure partie du temps, vous n’aurez droit qu’aux miettes de l’ingénierie. J’appelle ces missions, les missions « Contrôle C, Contrôle V ». Pour autant, c’est vraiment bien pour débuter une carrière.

La polyvalence

La polyvalence sera votre survie. Il est possible que vous soyez le seul ingénieur de l’entreprise ou le seul à avoir certaines compétences, avec la pression associée. Vous aurez aussi à gérer des missions qui peuvent aller bien au-delà de votre fiche de poste initiale, comme par exemple : établir une stratégie commerciale pour démarcher de nouveaux prospects, gérer la facturation, fixer les objectifs budgétaires, recruter, accompagner votre patron pour trouver des financements bancaires, aller à la poste et même passer l’aspirateur. C’est la caractéristique même des petites structures, mais vous y apprendrez énormément.

La carrière

Accompagner son patron à la banque, c’est bien, mais cela veut dire qu’il n’y a plus de marche à gravir… Si vous aimez gravir les échelons, il va falloir réfléchir à une autre alternative. Une issue rare mais très intéressante serait d’éventuellement racheter les parts de la société de votre patron qui souhaite les céder pour partir en retraite.

La rémunération

La rémunération ne sera pas une priorité. Petite structure, petits projets, petit budget… les marges de manœuvre sont inexistantes. Un projet qui dérape et la société finit l’année dans le rouge, voire même serait contrainte de mettre la clé sous la porte.

Synthèse

Pour ce type d’employeur, j’attribue la note de 1,50/3,00 :

Les institutions publiques et gouvernementales constituent un autre type d’employeur pour les ingénieurs. Ces organisations comprennent des administrations locales, régionales et nationales, ainsi que des organismes internationaux. Elles offrent des opportunités de travailler sur des projets d'intérêt public et des infrastructures essentielles. Quelques exemples d'institutions gouvernementales incluent les mairies, les préfectures, les ministères, l'Agence Spatiale Européenne (ESA), l'Organisation des Nations Unies (ONU), et les organismes de régulation comme l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

Les missions

Les missions dans les institutions publiques et gouvernementales sont souvent centrées sur des projets d'intérêt général tels que la construction d’infrastructures, la gestion des ressources naturelles et l’amélioration des services publics. Ces missions peuvent être très attrayantes pour ceux qui souhaitent contribuer à des projets ayant un impact direct sur la société. Cependant, elles peuvent parfois manquer de diversité en comparaison avec le secteur privé.

La polyvalence

La polyvalence requise dans les institutions publiques peut varier. Les ingénieurs peuvent être amenés à travailler sur différents aspects des projets, allant de la conception à la mise en œuvre et la gestion. Toutefois, les missions ou tâches transversales seront peu fréquentes et réservées aux plus expérimentés.

La carrière

Les perspectives de carrière dans les institutions publiques et gouvernementales sont généralement stables. Les évolutions de carrière existent, mais elles peuvent être plus lentes et dépendent souvent de l'ancienneté et des opportunités au sein de l'organisation.

La rémunération

La rémunération dans le secteur public est généralement conforme aux barèmes réglementaires. Elle peut être moins compétitive que dans le secteur privé, mais elle est souvent compensée par des avantages comme la sécurité de l’emploi, des régimes de retraite avantageux et un meilleur équilibre vie professionnelle/vie personnelle.

Synthèse

Pour ce type d’employeur, j’attribue la note de 2,25/3,00 :

Vous êtes BAC+5. Il vous est donc tout à fait envisageable, voire attrayant, de devenir votre propre patron. Mais attention, ce type de challenge n’est pas fait pour tout le monde. Ce sujet est passionnant et sera traité dans de prochains articles.

Les missions

À votre compte, les missions peuvent ne pas être très intéressantes. Vous aurez à traiter des sujets divers, mais avec des limites bien définies et un périmètre restreint.

La polyvalence

Vous êtes à l’apothéose de la polyvalence. Vous gérez une boîte avec toutes les responsabilités : création de la société, gestion des tableaux de bord, comptabilité, facturation, financement bancaire, rédaction des contrats, recrutement, démarche commerciale, représentation de la société, démarches administratives, déclarations fiscales, tout en exerçant le métier d’ingénieur.

La carrière

Votre carrière dépendra de vous : être freelance ou monter votre propre bureau d’études avec le recrutement d’ingénieurs et de techniciens. Vous êtes au sommet de la pyramide et c’est à vous de définir le nombre de marches qu’il y aura sous vos pieds.

La rémunération

La rémunération doit être maximale car elle doit représenter le risque pris. Entreprendre un tel projet doit être bien réfléchi et mesuré. Vous ne devez pas vous lancer pour finalement terminer épuisé et ruiné au bout de 3 ans. En étant votre propre employeur et en possédant votre société, vous mettez la main sur le résultat net. Plus vous avez de parts de marché rentables, plus vos gains seront conséquents. Dans ce type de configuration, les gains peuvent devenir illimités.

Synthèse

Pour ce type d’employeur, j’attribue la note de 2,25/3,00 :